
« C’est simple, quand elle dit quelque chose il faut tout de suite diminuer par deux, enlever la moitié, mettre moins d’émotion ou passer en accéléré. Elle est tellement marseillaise ! »
Bon, ça, c’est dit. Je le regarde, si fier de faire rire de bon cœur nos amis. Je lève les yeux au ciel, vexée, désabusée, mais finalement amusée et presque touchée qu’il me reconnaisse cette caractéristique si présente chez moi.
En même temps il a raison, je crois. J’en rajoute énormément. Je m’emballe, j’exagère, je pars dans tous les sens, je déforme, j’accélère, je double, je triple, j’émoustille, bref, j’en fais des tonnes.
J’ai essayé franchement, de ne pas trop en rajouter, d’être naturelle. Mais ça fait partie de moi. D’ailleurs, la plupart du temps dans ma réalité, c’est vrai. C’est vrai parce que quand j’exagère, je veux dire quelque chose. Parce que mon exagération dit quelque chose de moi.
Prenons un exemple. Bien sûr, lorsque je te dis que « j’ai hyper faim je crois que je n’ai jamais eu aussi faim de toute ma vie », ce n’est probablement pas vrai. Mais ce qui est vrai, c’est que là tout de suite, j’ai besoin que tu comprennes qu’il faut prendre soin de moi, en me nourrissant en l’occurrence. Évidemment je n’ai pas attendu 1h20 devant la boulangerie pour les croissants. Mais même 10 minutes, alors qu’on avait prévu de rentrer vite et de faire la surprise d’un petit déjeuner festif, tu pourrais reconnaitre que c’est long !
J’ai retourné ce problème dans tous les sens, essayé de comprendre, de l’exprimer autrement. J’en ai parlé, je m’en suis excusée.
« Au moins quand on raconte des histoires, les gens trouvent ça cool !» Voilà ce que ma copine d’exagération m’a répondu. Bingo, me voilà fière. Fière d’avoir cette particularité, fière que les gens le sachent et puissent me dire « bon, on a l’habitude avec toi », en riant. Fière d’avoir compris qu’il s’agissait d’un petit abus de langage mais qu’au fond, c’est un peu de moi qui parle et se dévoile.
Tu sais que je suis comme ça, je le sais aussi alors, si on le sait tous les deux, on reste comme ça, non ?
Tout est une question de communication, finalement. Pas vrai ?