18h57, au rayon chips. Apéro improvisé, alors, les enfants sous le bras, je file au supermarché, comme tout le monde, et ne sais pas quoi choisir, comme tout le monde. Les rayons presque infinis s’agitent devant nous. On cherche. Les chips les plus croquantes, mais les moins salées si possible. Le fromage le meilleur mais pas trop gras non plus.
Arrivés à la caisse, je laisse passer le monsieur devant moi qui n’a qu’une petite cuisse de poulet « je suis tout seul moi vous savez, ça va vite », et qui vient, me confie la caissière, tous les jours, à cette même caisse, parler de la pluie et du beau temps. C’est important la pluie et le beau temps quand on est tout seul. Le monsieur après moi dépose ces litres de soda, ces conserves, et tous ces gâteaux. Je me surprends à me demander s’il mange autre chose que ça, comme des légumes ou des fruits par exemple. J’imagine sa cuisine, ses repas, est-ce qu’il mange seul, est-ce que les choses qu’il prépare sentent bon ? Puis je discute avec cette caissière, je n’ai pour l’instant jamais osé mais je lui demanderai si, en voyant tous ces aliments elle n’a pas la nausée ou si, au contraire, ça ne lui crée pas des envies folles. Mais surtout des envies folles de partage, de rires, de tchin et de gâteaux apéro.
« T’aime bien les courses Maman ? » me demande-t-on dans le caddie. Non, assurément.
Mais au volant de ma voiture, je réfléchis à tout ce qui vient de se passer. Ce monsieur qui bouffe que des conserves, cette petite grand-mère qui n’a acheté que des yaourts que j’aurai toujours rêvé de manger (les plus beaux, les plus chers), cette Maman qui semble alerte sur la question du bio, du local et des 5 fruits et légumes par jour et du sans gluten. S’imaginer ce que les gens, une fois chez eux, vont manger en premier. Se demander d’où leur vient ces habitudes alimentaires, ces goûts.
Chaud, juteux, acide, sucré, salé. Mais n’y a-t-il pas d’autres enjeux autour de la nourriture ? Qu’est-ce que notre lien avec la nourriture vient révéler de nous ?
Je vous propose de vous emmener dans ces chroniques psy pour réfléchir autour de nos dîners, de tous nos déjeuners et de nos apéros, évidemment !
Lénaïg Steffens