Sylvie, être un maillon de la chaîne, résolument solide et fiable.



Chère sœur, 

Je t’écris parce qu’une des nôtres m’a proposé de le faire, je n’y avais jamais songé, me contentant d’une transmission orale de ce que j’ai dans le cœur.

Je ne suis pas encore arrivée au bout de ma vie, enfin, je l’espère bien !

J’aime cette vie, et j’ai tellement à lui rendre. Le plus difficile, c’est de saisir la quintessence de l’existence et donner à chaque instant le meilleur de soi, alors qu’on est pris dans son tourbillon.

Il s’agit de rester sur le manège terrestre, de ne pas se laisser expulser lorsqu’on n’en peut plus parce que trop lourdement chargée. Je rêve pour ma part toujours de stabilité et d’harmonie parfaite…

Mais quand le jour décline, tout s’apaise, j’en fais l’expérience à présent. Quelle gageure en attendant, de tenir bon sur le chemin de l’amour et de la vérité. Que de vents contraires soufflent à notre encontre.

Garder le cap est un effort de tous les instants, éreintant, déprimant parfois, mais quelle joie de contempler, d’un coup d’œil en arrière, le chemin parcouru au prix de tant de larmes ! Cela valait vraiment le coup de s’accrocher.

Je me souviens avoir consolé, il y a une dizaine d’années, ma jeune sœur et filleule, désespérée face à sa bande d’ados ingrats, l’exhortant à tenir bon, lui disant que c’était l’affaire de quelques années difficiles, que cela valait vraiment le coup de se donner du mal. Et je répète à l’envie à mes filles et belles-filles fatiguées et découragées par leurs bambins remuants et accaparants que c’est normal, qu’elles doivent s’accrocher, qu’elles trouveront la consolation à tous leurs maux quand leurs chers petits auront grandi et s’envoleront du nid, armés pour la vie. 

Quel bonheur aujourd’hui de profiter de mes enfants reconnaissants, devenus grands et sortis d’affaire, si je puis dire. Adultes, ils s’engagent sur la difficile voie de la vie de couple et de la parentalité, parallèlement à une vie professionnelle exigeante et fatigante. Cette voie, il en est d’autres, c’est celle pour laquelle j’ai opté, inconsciente à l’époque de ses enjeux.

J’ai suivi la route toute tracée de mes aïeux, décidant d’être un maillon de la chaîne, résolument solide et fiable, et de transmettre le flambeau à la descendance que je souhaitais bien sûr avoir.

Dans le « grand livre des humains » de Grand Corps Malade, la place de la femme est belle et mérite d’être chantée quand elle est maintenue et préservée avec tendresse, ardeur et détermination. 

Courage mes sœurs, dites-vous bien que vous êtes for-mi-da-bles !
Je suis heureuse et fière d’avoir tenu le coup, à vous de jouer, je compte sur vous !


Vous avez toute mon affection.

Sylvie


propos recueillis par Lénaïg Steffens.

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