Retrouver la saveur de l’ennui.

Elles sont presque là. On compte les jours, on organise, on coche des listes et on espère. On espère réussir à se détendre, à prendre du recul, à éviter les discussions compliquées, à profiter malgré tout.

Elles sont lourdes de sens et de défi, ces vacances d’été tant attendues ! Elles disent beaucoup de notre rapport à l’autre, au monde, au travail et au repos.

Car il ne faut pas s’y tromper. Si ces semaines ne sont qu’une pause, permettant de souffler après une année de travail pour mieux repartir ensuite, c’est que nous plaçons l’action, l’efficacité et la production comme seules valeurs, dont dépendrait le reste. Et si les vacances gardent un rythme effréné et usant, à côté de quoi passons-nous ?

Les vacances sont ce vide (vacare en latin) qui nous renvoie toujours à la même question : faut-il le remplir ? Comment le remplir ? Entre la belle-sœur adepte des planning détaillés et des activités dès le saut du lit, et les neveux adolescents qui semblent n’aspirer à rien d’autre qu’à ne rien faire, quel équilibre trouver ?

Le loisir antique (otium) n’était pas une distraction futile opposée au labeur, mais une activité porteuse de sens en elle-même. Une passion ou un temps qui ouvre le regard et les oreilles sur le réel, c’est-à-dire aussi bien notre environnement que l’autre.

La charge mentale ne disparaît pas des épaules ni les soucis de l’esprit. En ce sens, la parenthèse peut paraître trompeuse. Qui n’a jamais pesté de ne pas réussir à couper, à laisser de côté réseaux sociaux ou ordinateur pro ? Qui n’a jamais râlé de ne pas avoir le temps de se reposer et de crouler sous les mêmes tâches que pendant l’année ?

Mais avez-vous déjà fait cette expérience de demander à un enfant ce qu’il a préféré et retenu de ces dernières vacances ? Un tout petit moment suspendu, une glace sur la plage ou un tour à vélo. Quelque chose qui ne copie pas le quotidien, qui retrouve la saveur de l’ennui et de la gratuité.

Au Caféminin, nous ne vous souhaitons pas de tout oublier et de ne pas travailler : nous savons que c’est illusoire. Mais nous vous souhaitons de prendre le temps et de faire toute la place pour le loisir, qui éveille et élève.

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