Prenons soin de ceux qui luttent avec leur assiette.

« Ah cool on va chez les voisins, on va passer une bonne soirée » !

À coup sûr, on y mange bien.

Dans notre culture, bien-sûr, bien manger et bien boire est très important. Mais au-delà de ça : la façon d’être reçu et donc d’être « alimenté » vient dire beaucoup de la personnalité de nos hôtes. Les personnalités généreuses ne pourront supporter l’assiette vide et légère, seront ravies d’aller cueillir chez les commerçants ces choses délicieuses à grignoter et se réjouiront à l’idée de partager ce qu’elles aiment. Tandis que d’autres, ne verront pas le lien entre ce que je donne à manger et ce que je donne de moi. Pas de vision déterministe de la personnalité : « quand on y mange mal ils sont insipides », ou même « sont gentils ceux qui nous offrent de bonnes choses ».

Mais notre relation à l’alimentation constitue aussi une partie, une dynamique de notre personnalité. Elle vient nous donner quelques signaux : lorsque notre estomac est noué, que nous n’arrivons plus à avaler quoi que ce soit, lorsque nous ne contrôlons plus rien à part nos menus, ou lorsqu’il est trop difficile d’accueillir et de recevoir.

Chacun, dans son rapport à l’alimentation, vient dire un peu de son histoire. De ses beaux souvenirs, de ses sensations délicieuses mais aussi de ses nœuds, de ses montagnes parfois infranchissables qui resteront incompréhensible pour nous. Ce lien vient aussi dire beaucoup de notre actualité. Manger tout en sachant que ça fait grossir c’est accepter de transgresser, c’est penser à demain quand on fera mieux, ou accepter qu’en ce moment c’est pas le sujet, ou renoncer parce qu’en ce moment, c’est justement le sujet.

Alors reconnaissons l’ardeur du sujet et prenons soin de ceux qui, souvent dans le silence de leur assiette, luttent avec elle, avec leur histoire ou leurs questionnements.

Lénaïg Steffens

Articles recommandés