C’est l’histoire d’un déguisement de carnaval.
Entre 27 mails et 3 appels, j’entrevois un message de la crèche : « pour Mardi gras, prévoir déguisement et friandises. » Et m****. Bonbons c’est facile, mais déguisement… Celui de l’an dernier est trop petit, s’encombrer d’un autre à 2 mois du déménagement… En retard pour ma réunion, en trottant dans le couloir j’ajoute « déguisement carnaval » sur ma To Do.
LA To Do List. Petit supplice de Sisyphe. Fidèle, toujours là et toujours ironiquement aussi longue, matérialisation des 5 vies que nous essayons de faire tenir ensemble à la manière d’une déesse hindoue mixant l’éléphant soucieux et la nana aux 12 bras. Femme épanouie, heureuse épouse, mère comblée, collègue efficace, amie fidèle… Pas sûre que Shiva ni son copain l’éléphant réussissent sur tous les plans.
Déguisement de carnaval, donc. J’allais à coup sûr m’en préoccuper la veille. Sauf que, cette semaine-là, ma maman est là. Ma maman qui a connu une maternité sans smartphone et avec, il faut le dire, beaucoup moins d’injonctions. Pas de commentaire sur le mieux ou le moins bien : constat. Une maternité qui pouvait encore, un peu, s’envisager comme un métier en soi, sans autre preuve à fournir de son accomplissement comme femme moderne. Vocation que je ne pourrai jamais embrasser sur le long terme pourtant, mais quand même : cette époque pas si lointaine m’apparaît souvent (et à tort certainement) comme une sorte d’aquarelle.
Ma maman qui, le soir venu, m’appelle sur le canapé pour mon montrer les petits déguisements repérés sur Vinted. « Plutôt ourson ou mousquetaire ? C’est vrai que celui-ci de pingouin est très mignon, mais la capuche lui tiendra trop chaud… »
Petite révélation : ce déguisement EST important. Pour mon petit garçon de deux ans et demi qui deviendra ce jour-là ourson, mousquetaire ou pingouin, qui fera rire ses copains et sourire les dames de la crèche. Pour la photo que je collerai dans l’album (d’ici 7 ans vus les délais, CF la To Do, hein), pour celle que j’enverrai à son papa et son arrière-grand-mère, pour ma joie de voir la sienne.