Séverine a 32 ans et travaille en ressources humaines. Il y a six ans, elle est partie au Maroc pour son travail en se disant « un an, pas plus ! » Et pourtant…
« J’ai rencontré B. au cours d’une soirée. Il avait de la discussion, de l’humour et avait l’air foncièrement gentil. Quelques pas de danse plus tard, notre histoire démarrait !
Etant chrétienne et lui musulman, le sujet de la religion a rapidement été abordé, mais davantage par curiosité réciproque que par souhait de confrontation ou comparaison. Cette différence ne nous est jamais apparue comme un obstacle pour notre relation. D’ailleurs, nous avons autour de nous des exemples de couples partageant la même religion mais n’étant pas épanouis ! En revanche, il nous est vite apparu indispensable de communiquer énormément car des détails insignifiants pour l’un pouvaient être source de frustration pour l’autre.
Du côté de nos familles, il y avait un peu d’appréhension devant cette différence, mais qui s’est très vite effacée car nos parents, en fait, se sont attachés à la personne. B. est quelqu’un de curieux et ouvert qui lit beaucoup sur les religions, aime comprendre et expliquer. Le lien et la confiance ont été immédiats !
Les choix que nous avons faits pour notre mariage sont un bon exemple de notre façon de composer avec nos différences : nous avons eu un mariage au Maroc en présence d’un notaire musulman et un mariage en France avec une bénédiction à l’église.
En fait, nous croyons chacun en Dieu et attachons de l’importance à l’héritage reçu dans nos familles. Mais nous considérons la foi comme un élément si personnel et intime que l’idée d’exiger quelque chose de l’autre ou de lui imposer quelque chose nous paraîtrait absurde ! Quand je vais à la messe, mon mari est heureux pour moi. Si mon mari fait le ramadan, je suis heureuse pour lui. C’est très simple, finalement !
Avec l’arrivée de nos enfants, la question s’est posée un peu différemment bien sûr. Mais là aussi, nous avons choisi ce qui nous semble le plus juste : nous ne les élevons pas dans une religion, mais nous les éveillons à la foi et leur transmettons nos héritages culturels et religieux. »
Et nous voyons cette richesse comme une chance qui leur apportera, nous l’espérons, une ouverture d’esprit particulière ! Ce que chacun de nos enfants choisira quand il sera adulte ? L’avenir nous le dira ! Nous avons, par exemple, fait le choix de ne pas baptiser nos enfants mais nous leur avons offert un parrain et une marraine car les miens ont joué un rôle important dans ma vie. Nous avons aussi choisi pour eux des prénoms d’origine hébraïque, comme une sorte de terrain neutre et de lien en même temps entre nos deux cultures. Si l’un de nous avait tenu absolument à tel prénom donné dans sa religion, dans son pays ou dans sa famille, cela n’aurait pas marché ! Même si nous avons discuté de beaucoup de sujets importants avant de nous engager, la vie apporte sans cesse des ajustements à faire. Mais pour être honnête, ces ajustements et ces concessions, parfois nécessaires, ne m’apparaissent pas tellement liés à la religion. Après tout, même dans un couple qui partage la même culture, il y a mille petites différences, mille petits accommodements à faire au quotidien ! »