
Mathilde a 28 ans. Passionnée de mode et de décoration, elle est créatrice de contenu (et de bonne humeur) sur les réseaux sociaux. Elle vit avec son mari à Marseille (jusqu’à leur prochaine mutation…), et a accepté de nous confier un petit bout de leur histoire !
Quels sont les défis que vous rencontrez en tant que couple ?
Le premier défi de la vie de couple, il me semble que c’est le fait de se choisir. Choisir de n’aimer qu’une personne, et pour la vie. De lui dire oui. Si on y réfléchit deux secondes, c’est quand même un truc de fou ! La rencontre, les premiers émois, les bisous sous la pluie et les soirées au téléphone, tout ça c’est facile. Et puis un jour, on décide de poser un oui. Un « c’est toi et pas un autre », ou plutôt « ce sera toi, tous les jours de ma vie, avec tes qualités – easy – et tes défauts – moins easy ». Surtout que ceux-ci ne seront gommés ni par un mariage, ni par le temps, qui au contraire aura tendance à les accentuer, je préfère casser le mythe tout de suite. Dans un monde marqué par le « satisfait ou remboursé », « essayez d’abord, payez après », « si vous trouvez mieux ailleurs bla-bla-bla », la notion de choix a perdu toute sa valeur.
On veut tout voir, tout essayer, tout tester avant de se décider. L’autre est devenu une espèce de marchandise. Alors choisir un homme, un seul, pour toujours, et décider que quoi qu’il arrive, contre vents et marées, il n’y aura pas de retour en arrière, c’est un défi. Mais quel beau défi. Celui de ne pas choisir l’amour comme l’on choisirait un lave-vaisselle.

Ce défi, avec celui que j’appelle l’homme sur les réseaux, nous avons décidé de le vivre deux mois et demi après notre rencontre. Et ça, ce n’est pas facile à expliquer à tout le monde. Quand vous décidez de vous marier après des années à vous « fréquenter », les gens pensent « Ce n’est pas trop tôt ! » : dans notre cas, c’était plutôt « Ce n’est pas trop tôt ?? ». J’avais cette sensation que nous devions sans cesse nous justifier, expliquer notre choix, prouver aux autres que nous étions bien sérieux. Répondre sans cesse à cette question « comment tu peux savoir ? ».
Et moi de devoir répéter, sans cesse, que la question n’est pas de savoir, mais de vouloir.
Vous savez je crois qu’un couple c’est comme un feu, c’est une comparaison que l’on retrouve d’ailleurs dans pas mal d’expressions françaises. Et bien vous voyez, certains feux s’allument d’un coup, sur un coup de foudre, bam, d’autres prennent plus de temps, brindilles, journal, petit bois. La façon dont le feu s’est allumé ne présage en rien de sa durée de vie. Ce qui fait vivre ce feu c’est la façon dont on l’entretient. On peut laisser un feu s’éteindre, et attendre qu’un autre s’allume ailleurs, vivre sur des braises un peu chaudasses une vie de couple un peu tiède. Ou on peut, quand on a cette chance d’avoir « le feu », l’entretenir tous les jours pour le faire grandir. C’est tout.
Et devoir sans cesse expliquer ça, cela peut être pesant pour un couple qui peut en arriver à douter de lui sous prétexte qu’il n’entrerait pas dans la norme qui veut que l’on mette son couple à l’épreuve du temps. Nous on a décidé, comme j’aime à le dire, d’inverser la tendance et de mettre le temps à l’épreuve de notre amour. Paf, dans les dents le temps.

Et puis évidemment il y a le défi de devoir apprendre à s’aimer malgré les différences. Pas facile non plus ce défi-là : quand on est seul, on décide seul. Quand on est deux… on décide à deux. Le couple est une magnifique école de générosité.
Dans ces difficultés, qu’est-ce qui a consolidé votre couple et en a fait sa particularité ?
La chance que mon mari et moi avons, c’est d’avoir une grande foi. Foi en notre choix, mais aussi en Dieu sous le regard de qui nous plaçons notre couple. Evidemment que ce n’est pas simplement par la grâce de Dieu qu’un couple grandit et se consolide, mais Il nous donne la direction ; la direction du pardon, qui est pour moi la clé d’un couple uni ; la volonté de privilégier les excuses (quelle que soit la faute) aux guéguerres d’orgueil et d’ego mal placé ; et la direction de l’amour de l’autre. Je disais tout à l’heure qu’aimer, c’est prendre les décisions à deux. Et beaucoup pourraient voir cela comme une contrainte, comme une vie de compromis. Ce qui ne fait effectivement que moyennement rêver.
On peut aussi penser, comme nous essayons au maximum de le faire avec l’homme, que si chacun choisit toujours ce qui est le meilleur pour l’autre, alors il n’y a aucune raison que l’on puisse un jour être déçu.
De façon plus terre à terre, nous avons confiance l’un en l’autre, et dans l’amour que nous nous portons. Et surtout nous avons confiance dans le fait que quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe, nous ferons toujours, chacun, le choix du nous. Je peux vous dire que cette certitude efface bien des tracas et des questionnements.
Nous avons également appris à nous ménager du temps à deux, le temps vaste valeur en voie de disparition. Temps ensemble, sans écran, sans amis, à parler, s’écouter, se confier nos peines, nos joies, à se rassurer, à entretenir ce fameux feu. Savoir prendre ce temps de retrouvailles c’est se créer une bulle contre les épreuves de la vie, une bulle durant laquelle nous aimons nous rappeler les paroles échangées lors de notre mariage, et nous redire ce OUI qui nous fait avancer main dans la main.
Je ne saurai pas dire ce qui fait la particularité de notre couple. Peut-être cette recette simple qui consiste à toujours choisir le bonheur de l’autre avant le sien, à se ménager du temps, à savoir pardonner… Nous le faisons tous les soirs avant d’aller nous coucher, pour parfois des broutilles : « pardon d’avoir pris le dernier gâteau alors que je crois que tu le voulais » ; car qui sait pardonner les petites choses saura pardonner les grandes.
Nous ne sommes uniques que parce que nous ne cherchons rien de plus que d’être nous, et de faire de ce « nous » le plus bel endroit au monde.

Que trouvez-vous beau dans un couple ?
Il y a tellement de belles choses dans un couple… Mais ce que je trouve le plus beau c’est un couple qui s’aime, et se le montre. Un couple qui ne cache pas ses sentiments, qui n’a pas de fausse pudeur, qui sait faire preuve de tendresse. Un couple qui n’a pas peur de se dire je t’aime, qui ne sacralise pas les mots d’amour, ne les garde pas au frais à côté de la bouteille de champagne que l’on sort tous les ans pour les anniversaires.
Ce qui est beau c’est quand le couple, au lieu de brider une personnalité, au lieu de chercher à créer deux être identiques qui devraient se fondre l’un en l’autre, permet à chacun de se sentir plus libre, plus « lui » grâce à la confiance et aux encouragements de l’autre. Un couple qui se complète et s’encourage.
J’ai grandi avec comme exemple un couple comme cela : mes parents, bientôt 40 ans et de mariage et 9 enfants. Je crois n’avoir jamais vu autant d’amour de ma vie. Mes parents m’ont fait le plus beau des cadeaux, celui d’être un exemple que l’on veut suivre. Un couple qui donne envie d’aimer à son tour. C’est aux couples d’aujourd’hui de redonner foi en l’amour aux couples de demain.
Trop de personnes considèrent le fait d’aimer, de s’ouvrir à l’autre comme une faiblesse. Enfants, adolescents, on se moque de la fille amoureuse, plus tard on ne veut jamais reconnaître qu’on aime, on dit « je l’aime, bien » comme si aimer et le dire était une faiblesse et non une force. Mais moi je crois qu’il n’y a rien de plus beau que de savoir poser un « je t’aime ».
Et je voudrais que nous puissions, avec mon mari être à notre tour un bel exemple qui donne envie d’aimer.
– Merci infiniment Mathilde.
Propos recueillis par Victoire Eyraud.
