Tout a commencé le jour où j’ai décidé de m’inscrire sur un site de rencontre.
J’ai choisi Tinder, pour son côté gratuit et ludique. À l’origine, je ne cherchais pas le « Grand Amour » – ni un petit amour d’ailleurs – juste à élargir mon cercle. Fatiguée de passer mes soirées avec les mêmes personnes, aussi funs et sympathiques soient elles, j’avais besoin de voir d’autres horizons et de parler d’autre chose. Pas évident pour une parisienne de 24 ans, travaillant en horaires décalés.
10 Novembre 2014 – Paris 13e
Après deux mois et trois ou quatre agréables rencontres, je « match » avec un prénommé Arnaud, plutôt beau garçon, à l’air fort sympathique. Nous entamons la conversation via le tchat de l’application. Il a 27 ans, est militaire en Alsace et en weekend chez sa famille. « Être militaire ? Quelle idée ! Travailler en Alsace, pauvre enfant… »
Il repart le lendemain matin et me propose un café avant de prendre son train. En toute franchise, je programme plutôt une grasse matinée, étant donné les grosses semaines accumulées. Nous stoppons là notre conversation.
11 Novembre 2014 – Paris 11e
À mon réveil, quelques messages d’Arnaud sur mon portable. Il me propose à nouveau un café et m’envoie un dernier message me disant qu’il est en face de son train. C’est à moi de décider s’il doit le prendre ou non. Dilemme… Rester au lit et me rendormir ? Ou me préparer et aller à la rencontre de cet alsacien un peu fou ? J’écoute la petite voix. Ni une, ni deux, j’enfile la première tenue qui me
passe sous la main, et zou, direction Bastille. Pourquoi je faisais ça ? Je n’en savais strictement rien! Mais j’y allais avec le sourire !
Nous nous retrouvons à la sortie du métro, et nous dirigeons vers le premier café. Il n’y avait pas de gêne de mon côté. Je n’étais pas dans la perspective de plaire ou de rencontrer l’homme de ma vie. Il commande un café, je commande un verre de Brouilly et une assiette de saumon (quitte à rater ma grasse mat’, autant me faire plaisir jusqu’au bout !). Nous discutons, de tout, de rien, mais tout ce que je peux dire c’est que le feeling était là ! Il m’explique qu’après 3 ans sans départ en mission, et la dernière en Afghanistan, il repart bientôt pour 5 mois. « Ah d’accord ! Drôle de projet tout de même ! »
Il loupe un, deux, cinq trains pour continuer notre conversation. Une pure folie. Je clos finalement notre rencontre car j’ai rendez vous avec un couple de cousins. Et puis, après 5 heures en compagnie d’un inconnu, il est temps de reprendre le cours de ma vie ! Je le quitte mais précipite les au revoir par peur qu’il tente un geste déplacé. Je souhaite rester sur une belle note. « Allez, salut ! À plus ! On s’écrit rapidement, bon voyage ! »
Pourtant, dans un coin de ma tête et de mon cœur, je le quitte avec l’évidence que c’était lui. Je ne saurais l’expliquer. Je retrouve mes cousins chez eux et, le comble, ils ont organisé un dîner arrangé avec un de leurs amis ! J’ai parlé d’Arnaud tout le dîner, ce qui a clairement fait capoter leur projet initial !
Dans la soirée, nous passons beaucoup de temps à nous écrire, toujours avec autant de feeling… Je me surprends à sourire à mon portable quand je vois un message de lui s’afficher sur mon écran.
Toutefois, le lendemain, je lui annonce que je refuse d’entretenir une conversation par messages. Cela me ferait très plaisir de le revoir lors de son prochain passage à Paris. Il part le soir même pour 15 jours sans possibilité de donner des nouvelles. « Ah… D’accord… Même pas un riquiqui petit message alors ? Bon. »
Les 15 jours ont été interminables. Je rêvais de voir son numéro s’afficher. Au travail, dans le métro ou ailleurs, je pensais à ce petit Alsacien loupeur de train. Puis… Tadam, enfin un message de lui ! Nous étions tous les deux très soulagés de voir que nous avions pensé à l’un et l’autre pendant cette période. Il m’annonce qu’il compte revenir très prochainement à Paris, et souhaite me revoir ! Yiiiihaaa !
Ensuite, tout est allé très vite, aussi fou que cela puisse paraître. En nous renvoyant, nous étions convaincus que nous étions faits pour être ensemble. Le compte à rebours était lancé avec son départ en mission. Nous ne pouvions nous voir que les weekends et encore, pas tous ! Nous profitions de chaque jour, heure, minute ensemble. Et puisque nous étions dans un début d’histoire assez surréaliste, nous nous sommes rapidement présentés à nos amis et… à nos parents ! Le départ en OPEX précipitait tout !
4 janvier 2015
Départ en mission larmoyant sur les quais de la Gare de l’Est. C’est parti pour des mois de silences et de lettres du front. « Mais qu’est ce que je fais avec un militaire !? Ce n’est pas pour moi ça… ! »
13 mai 2015
Après 140 dodos à l’attendre, voilà enfin le retour du poilu du front ! « J’ai tenu bon ! »
21 août 2015
Demande en mariage sur la Côte Amalfitaine. « Oui, oui, après 9 mois de rencontre dont 5 mois sur un continent différent ! »
Et depuis… un joli mariage similaire à un tas d’autres, avec son lot de hauts et de bas, une vie de couple en pointillé du fait de son métier particulier, un enfant de bientôt 3 ans et un deuxième en route pour novembre.
Ce soir là de 2014, je me suis inscrite sur une application pour faire de jolies rencontres et élargir mon cercle de connaissances… c’était sans savoir que je ferai LA rencontre qui bouleverserait ma vie.
– Marie J.
Marie, Arnaud et… Tinder !
