Manon, commissaire de police en PJ

Manon, quelles sont tes passions ?

La première, celle qui me vient de façon évidente, est ma passion pour le sport et, plus précisément, pour la course à pied. C’est vraiment quelque chose qui m’a nourri depuis plus de 15 ans et, au delà de me nourrir, m’a vraiment construite. Ca m’a appris des valeurs très fortes de dépassement de soi et de sens du collectif.

J’ai fait du demi-fond court (800m) jusqu’au niveau championnat de France et ai prolongé avec la découverte de nouvelles distances allant du marathon à l’ultra trail. Il y a un mois, j’ai même fini un trail de 75 km autour du Lac du Bourget.

Ensuite, j’ai décliné cette passion en une autre pour l’aventure. J’adore les treks en nature et j’ai beaucoup d’autres projets de ce type : randonnées en autonomie et expéditions en conditions extrêmes. Je rêve même de relever un défi un peu fou en participant, un jour, à une émission de type Koh Lanta (rires) ou en faisant des stages de survie.

Donc, voilà, mes passions se déclinent beaucoup autour de l’effort, du dépassement et je dirais même de la découverte de soi. Par exemple, sur le 75 km du Bourget, j’ai puisé des choses à l’intérieur de moi que je ne connaissais pas. Cela me permettra de relever des défis que je pourrais être amenée à vivre plus tard. Je pourrais aller puiser, dans ce moment précis de dépassement de moi-même, une énergie un peu folle.

J’ai aussi plein d’autres centres d’intérêt mais si on parle vraiment de passion, dans le sens de ce qui m’habite, je dirais que c’est vraiment cela.

Peux-tu nous parler de ton métier et du chemin que tu as parcouru ?

Je suis commissaire de police depuis cinq ans et en Police Judiciaire (PJ) depuis septembre. Avant d’entrer en PJ, j’étais chef de service dans un commissariat de police et je ne traitais pas des mêmes thématiques au quotidien. Mais, les différents postes ont quand même des points communs. C’est un métier de commandement des hommes et des femmes, de direction de structure et avec énormément d’humain. La dimension humaine est fondamentale et c’est ce qui rend ce métier si passionnant. Les interactions humaines vont vraiment peser dans la vie de chacune des personnes que l’on commande. C’est un métier qui est structuré autour de relations très fortes, dues aux défis de notre univers. Tellement que, dans notre commandement, il y a presque une notion d’amour. On est obligé d’aimer ses hommes pour bien les commander. Ca ne veut pas dire que l’on n’est pas exigeant ni que l’on ne fait pas son travail de direction et de contrôle.

Après, le métier de commissaire de police c’est aussi un aspect de conception d’une politique interne au service. C’est un peu comme si on était un chef d’entreprise. On va essayer de rendre chaque jour plus efficace pour servir au mieux l’intérêt général.

Ce qui m’a amené à cette voie ? J’avais besoin de faire un métier qui ait vraiment du sens pour moi ; un métier qui, chaque jour, m’amène à me lever le matin en ne faisant presque pas d’effort tellement ça me porte. J’avais cette intuition là dès le lycée : faire un travail dans le secteur public et au service des gens. Du coup, j’ai fait une classe prépa hypokhâgne, rejoint Sciences Po, puis orienté mon parcours vers les carrières publiques. Ensuite, j’ai rencontré des militaires et des policiers et c’est vraiment comme cela que j’ai compris que l’univers dans lequel j’avais envie de servir était celui de la sécurité. J’ai passé les concours de commissaire de police, d’officier de gendarmerie et d’officier de l’armée de terre. J’ai opté pour le premier parce que les champs d’action me passionnaient plus, notamment l’investigation et l’exercice dans un milieu urbain.

Pour toi, qu’est ce que la féminité ?

J’ai tendance à croire, même si cela se retrouve chez certains hommes, que la femme apporte une forme d’intelligence émotionnelle, une manière d’analyser, de ressentir et de vivre les choses qui lui est propre. La femme évolue dans la vie en rayonnant, en apportant autour d’elle des choses que j’estime assez précieuses.

Mais, la première intuition que j’ai eue en entendant la question, c’est l’image d’une femme forte.

J’assimile la féminité à la force. Cette force là, je ne l’imagine pas comme une force physique servant à soulever des altères. Je l’imagine vraiment comme une capacité à toujours se relever, à toujours avancer, à redoubler d’imagination pour trouver des solutions et à une détermination pour aller de l’avant. C’est une haute idée de la femme mais c’est l’idée en laquelle je crois.

J’ai beaucoup d’exemples de femmes qui m’inspirent autour de moi, quels que soient les univers professionnels et de vie, qu’elles travaillent ou ne travaillent pas. D’ailleurs, depuis des années, inconsciemment, j’ai structuré dans ma tête un petit collectif de femmes qui sont pour moi des modèles. Ce sont des femmes de la vie de tous les jours puisqu’il y a mes deux grand-mères, certaines de mes amies, des profs, des femmes que j’ai croisé au cours de mon parcours. Je les compte sur les doigts de mes mains mais ce sont toutes des femmes inspirantes et qui répondent, à leur niveau, à cette définition de la féminité associée à la force.

Comment la féminité s’exprime dans ton métier ?

Je n’ai jamais mal vécu le fait d’être une femme ni été l’objet de misogynie dans mon travail. Malgré cela, dans un métier comme le mien qui est un univers d’hommes (les femmes sont toutefois de plus en plus présentes dans tous les corps et tous les niveaux de la police aujourd’hui), la féminité a vraiment une place clé.

D’ailleurs, certains chefs hommes qui m’ont commandé étaient très contents de voir arriver une femme dans l’équipe de commandement car ils avaient l’intuition qu’elle apporterait quelque chose en plus. J’ai aussi eu des effectifs qui ont vraiment apprécié être commandés par une femme. Pourquoi ? Parce que la femme dans son commandement, sans doute, apporte une confiance à ses troupes et une envie de se dépasser au travers de ce qu’elle incarne. Ca rejoint la définition de la force dont je parlais dans la question précédente.

J’aime penser que la femme apporte cette force, cet optimisme et cette capacité à avancer.


Merci beaucoup Manon.


Propos recueillis et retranscrits par Marie-Amélie Clement

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