
Madeleine, quelles sont tes passions ?
Pour parler de ma passion, je dois parler d’un caractère bien trempé qui a souvent trouvé réconfort au contact des animaux. Petite, j’étais toujours réfugiée à la ferme de la maison de vacances, allant chercher les vaches au pré, nettoyant l’étable pendant la traite et donnant leur biberon aux veaux puis passant des heures à leur faire des câlins assise dans la paille, leur tête posée sur mes genoux.
Puis, j’ai essayé par tous les moyens de ramener divers animaux à la maison… Chaton ramené de pension par le train, en secret, chiot ramené comme « salaire » pour un baby-sitting chez des cousins… Mes parents ont fini par comprendre qu’il fallait m’offrir des petits compagnons ! Hamster, lapin puis, enfin, chat ! Sans compter les heures passées au club hippique, que ce soit pour monter à cheval ou simplement les caresser.
C’est donc, très naturellement, que lorsque mon fiancé m’a parlé d’un projet de maraîchage ensemble, j’ai dit oui !
La nature, le rythme des saisons, les animaux, le bien-manger, l’aventure, cela me paraissait si naturel. La nature est passionnante, si vivante, si mystérieuse, si généreuse !
Peux-tu nous parler de ton métier ?
Mon métier, aujourd’hui, je l’exerce avec mon mari. J’ai appris à aimer les saisons, (et oui, je me réjouis quand il fait froid et j’aime la pluie !), à observer la lente croissance d’une graine devenant une belle plante que l’on prend plaisir à manger et à suivre l’évolution du jardin. J’aide à voir certaines choses à améliorer pour telle ou telle culture, j’aide à voir ce qui a bien évolué, ce qui marche bien. Et je vends, non sans fierté, notre production !
Les clients viennent chercher de bons légumes mais, également, un moment social et d’échanges. Je peux les conseiller sur telle ou telle recette, je leur parle aussi de notre vie, de notre choix familial et de la vie de nos enfants dans ce milieu que nous leur offrons.
Je passe beaucoup de temps l’été à transformer la production excédentaire et je fais beaucoup de confitures que nous vendons au magasin. Elles ont beaucoup de succès car c’est artisanal.
C’est l’authenticité que viennent chercher nos clients !
Comment tes passions s’expriment-elles dans ton métier ?
Ce qui m’anime le plus dans ce métier c’est d’être en contact avec la nature.
Chaque espèce a sa place et nous avons plein d’animaux. Les chèvres font notre plaisir mais fournissent également un excellent paillage pour les légumes. Idem pour le lapin ! Les poules nous donnent de bons œufs et désherbent les cultures pérennes. Les fruitiers que nous avons plantés font de l’ombre pour les poules et nous donnent de bons fruits…. Je pourrais continuer ainsi sur l’ensemble des choses qui sont dans le jardin !
C’est absolument passionnant. Un peu dévorant aussi… C’est le problème d’une passion : quand on commence on a du mal à s’arrêter !
Pour toi, qu’est ce que la féminité ?
La féminité, pour moi, c’est la douceur, la grâce, la délicatesse, la patience, la beauté, le sens du détail, l’attention à l’autre et l’accueil.
La féminité a-t-elle une place dans ton métier ?
Dans mon métier, la féminité n’est pas ce qu’il y a de plus évident à vivre ! Manipuler des légumes pleins de terre, les ongles sales et les mains rugueuses, les caisses lourdes à porter… on est loin de la délicatesse et de la grâce !
Mais, régulièrement, j’améliore le jardin pour le rendre plus agréable ou plus fonctionnel. Dans notre magasin, je range, je nettoie, j’organise, je rends l’espace plus joli et plus accueillant par de petits détails presque insignifiants.
Pendant les ventes, je passe du temps avec les clients, je m’ouvre à eux, je les écoute, je prends le temps.
Je passe aussi régulièrement derrière mon mari ou notre salarié pour leur rappeler que telle chose n’est pas très belle et que telle autre serait plus adaptée… et ils me disent régulièrement que, quand je suis passée par là, c’est plus joli ou plus agréable.
Ma féminité s’exprime aussi tout simplement dans le soutien que j’apporte, l’écoute ou par de petits services discrets mais qui facilitent la vie.
Merci Madeleine.
Propos recueillis par Clarisse Tannhof