Le voyage lent

« Je repris ma route, multipliant les voyages ; sautant de l’avion pour reprendre le train, et glapissant, de conférence en conférence (et d’une voix pénétrée), que l’homme aurait tout intérêt à cesser de s’agiter. »

Les orteils gelés dans les contreforts tibétains, guettant un gros chat qui ne vient pas, Sylvain Tesson est lucide.

Ce mois-ci, comme lui nous nous sommes demandé comment « bien » voyager. Comment ne pas « faire » une destination avec toute la compulsivité consumériste de notre époque, mais la découvrir vraiment dans toute sa richesse.

« J’avais appris que la patience était une vertu suprême, la plus élégante et la plus oubliée. Elle invitait à s’asseoir devant la scène, à jouir du spectacle, fût-il un frémissement de feuille. La patience était la révérence de l’homme à ce qui était donné. »

Contemplation, patience, lenteur. Sans doute en replaçant ces vertus au coeur de nos voyages parviendrons-nous à les vivre plus intensément.

« Parfois, dans c’est la répétition, dans l’habitude qu’on se déploie », nous dit Sophie des @carnetsgoguette dans le dernier épisode de notre podcast. Laisser dans nos voyages un tout petit peu de place pour la répétition et l’habitude, c’est peut-être refuser le zapping ambiant et nous autoriser à entrer davantage en profondeur dans ce que chaque endroit a à nous offrir.

Mais il faut essayer pour cela d’imaginer différemment ses expéditions… Pour ma part, nous essayons d’appliquer en couple depuis quelques années un petit exercice du « voyage lent » que je résumerais ainsi :

– Imaginer un voyage.
– Se demander si, en fait, on ne peut pas partir plus près…
– Changer sa destination pour celle juste un degré plus proche.
– Et enfin diviser par deux le nombre d’endroits à visiter, pour y doubler son temps de présence.

Résultat ? On s’imprègne d’un endroit, et on a en le quittant le sentiment unique d’avoir réellement habité quelque temps un autre petit bout du monde… Un ailleurs que chez nous qui sera désormais un peu nôtre.

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