Le silence.
#petiteviolence
Il y a cette jeune maman pourtant croisée des dizaines de matin derrière sa poussette à qui, une fois encore, on n’osera pas dire bonjour. Il y a ce Papa qui n’arrive pas à dire à son fils à quel point il est fier de lui même s’il sait que cette demande est criante dans chacune de leur dispute. Il y a cette femme qui tous les matins espère que son travail plaise à son boss et lui dise, enfin, qu’elle a bien fait de terminer si tard. Il y a aussi cette maîtresse, épuisée, à qui personne ne dit merci. Il y a, évidemment, ce secret, de famille, dont personne ne veut parler mais qui est unanimement reconnu comme trop lourd et qui sera, pour tous et toujours un tabou.
Mais il y a aussi cette amie qui parle, parle, ne fait que de dire. Ce trop-plein de parole qui donne presque la nausée, les oreilles pleines mais nos cœurs vides. Rien ne se dit.
Le point commun de toutes ces situations, c’est le silence. Le silence qui assomme, qui questionne et attriste. Qui laisse dans nos cœurs un goût amer, une déception que seules les paroles pourraient combler. Le silence qui ne propulse pas vers la liberté, celui qui empêche la spontanéité de la relation, celui qui blesse. Les mots, absents, sont remplacés par des regards, des attitudes, moins précis et plus ambigus. Plus ambivalents et moins sécurisants.
Rien ne vaut une parole juste et parfois juste une parole. Quoi de plus agréable et de meilleur que de se remplir d’une parole inattendue ? La parole qui éclabousse par sa vérité n’est-ce pas ce qui nous bouleverse profondément pour de vrai ?
Celui qui dit aime. Celui qui choisit comment dire affectionne et celui qui prend soin d’accueillir l’autre et qui le chérit comme il est, lui exprime. Cessons de penser que nos silences sont sans conséquences. Du sujet plus léger au fardeau de notre existence, attardons-nous à faire circuler les choses, de se les approprier par les mots. Parce que quand les mots sont là, la vie tressaille.