
« Il faut. Tu dois. Tu ne devrais pas. Tu fais quand même comme ça ? Aujourd’hui on se doit de. En 2020 on ne peut plus… De toute façon il a été prouvé que. »
Et l’information circule, en boucle. Vérifiée, ou pas, critiquée ou non, peu importe. Relayée. Imposée. Et il faut suivre, « se positionner ». Pour ou contre. Les gentils et les méchants. Ceux qui agissent et ceux qui regardent. Les critiques et les sceptiques. Les échanges s’accélèrent, les positions se durcissent, les camps s’affrontent, le ton monte. Le travail, l’alimentation, l’amour, l’éducation, les vacances, l’accouchement, la vie domestique, les divertissements : tout y passe. Avoir un avis sur tout, s’inscrire dans un « courant » partout. Faire comme ci, faire comme ça. Et surtout, dire pourquoi. Comme un moyen de se justifier, de se définir. Appartenir à un camp, appartenir à un clan, c’est finalement rassurant.
Héroïne : « femme jouant le rôle principal d’une aventure, bien souvent faisant preuve de vertus exceptionnelles ». Nos vies à chacune, tissées de nos épreuves comme de nos succès, slalomant parmi tant d’exigences et d’injonctions, sont des aventures. Des aventures imprévisibles et trépidantes, dont nous sommes indiscutablement les figures principales. Individuelles. Uniques. Alors « héroïnes de la vraie vie », l’oxymore nous semblait si jolie et si juste pour qualifier les femmes d’aujourd’hui, qui luttent avec tant d’énergie pour essayer de « faire bien », et à qui il semble bien souvent qu’on leur demande l’exceptionnel…
Nous avons eu envie d’autre chose. Nous nous sommes retrouvées entre femmes avec ce besoin un peu fou, un peu flou, de créer un espace d’incertitudes. Un lieu de questionnement. Un endroit chaleureux et serein, où nous serions libres d’explorer. D’essayer. De nous tromper. De faire demi-tour. En un mot, de réfléchir. Ensemble ! Avec le risque de déranger parfois, avec l’envie sincère d’échanger surtout. De vous rejoindre dans vos vies. Pas dans vos vies rêvées, idéalisées, lissées pour se conformer à ce que les autres ou la société voudraient qu’elles soient. Dans vos vraies vies, quotidiennes, complexes, rugueuses, irrégulières, intenses. Réelles.
Nous avons eu envie de vous offrir cet endroit, à vous désormais de le faire vivre ! Nous voulons nous questionner avec vous : chaque partage, chaque rubrique, chaque thème sera posé sur la table commune (avec un café) pour vous laisser réagir, intervenir, suggérer. En commentaire ou par message, participez, proposez, contactez-nous ! Avec pour seul mot d’ordre la bienveillance : ce lieu se veut ouvert et accessible, pour que chacune puisse réellement se sentir accueillie telle qu’elle est, avec justesse.
Utopique peut-être, mais nous voulons croire qu’il est possible de ne « pas s’installer dans sa vérité et vouloir l’asséner comme une certitude, mais de savoir l’offrir en tremblant, comme un mystère ».
Il nous tarde de découvrir vos mystères !
Nous vous souhaitons la bienvenue au Caféminin !
L’équipe.
Ravie de voir que le doute n’est pas vu comme une vulnérabilité mais comme un tremplin vers le mieux, affranchi de la violence du « faudrait » et du « y’a qu’à ». En tant que personne pensante on peut entrevoir le doute raisonnable est un premier pas vers la connaissance. En tant que parent on nous assène qu’il faut être un ancrage pour nos enfants, dont la caractéristique est la conviction comme vecteur de sécurité. C’est souvent culpabilisant voire inhibant. Alors je vous remercie pour cette chouette initiative !!
Super article, fluide, poignant, je suis d’accord sur tout !