Changer de vie, de quotidien, avoir de nouveaux projets, passer intensément du temps ensemble dans un endroit insolite.
Consciente de cette pression infinie que je continue paradoxalement à m’infliger. Mais pas seulement à moi, à lui aussi. Lui qui souvent ne demande rien, à part simplement d’aimer la vie que l’on a et de vivre notre quotidien tout doucement. De profiter, de juste cesser d’en vouloir encore davantage.
Mais ça, je ne comprends pas, le plus souvent. Je le trouve parfois trop ennuyeux, sans projet. Ou plutôt sans la fougue de mes projets. Parce que pour moi, se réinventer, c’est changer, c’est bouger, mais c’est surtout, avoir de nouvelles choses à raconter. Etre insolite, inoubliable, dynamique et dynamisante. Je crois que pour lui, l’intensité des choses se trouve ailleurs.
Alors je prends du recul, comprends, envisage, puis finalement ouvre les yeux, me révolte et refuse de renoncer.
« J’accepte la grande aventure d’être moi », de Simone de Beauvoir. Je relis cette phrase dans le métro, pour la 120ème fois de ma vie, mais cette fois-ci, elle résonne.
Finalement, tous ces projets que j’entreprends, que je souhaite mettre en route, dans une forme de frénésie, de recherche du toujours plus loin, toujours plus fort et surtout du toujours plus dur ne seraient-ils pas vains, si je décidais simplement, et pour de bon, de vivre avec moi, pleinement ? Est-ce que notre vie n’est-elle déjà pas suffisamment riche et pétillante de petits riens pour ne pas s’en satisfaire ?
Renoncer à l’ennui et à la morosité, choisir de se déployer là où je crois m’éteindre, choisir la lumière aux ténèbres, oui assurément. Mais refuser de regarder dans le silence de nos petits riens, de nos petites misères, qui peuvent aussi cacher de merveilleuses choses et d’intenses façon de se réinventer, peut-être pas.
Alors j’accepte cette grande aventure d’être moi. Au gré de cette découverte on pourra aussi décider ensemble, de se réinventer, mais pas avec la même exigence que celle du début, simplement en étant ce que nous savons et ce que nous aimons être. Parce qu’être en couple, n’est-ce pas simplement dire oui au creux de chaque matin à la grande aventure d’être nous ?