Ou encore « déjeuner en amoureux ».
Je guette un cliché de couple complice, mais tombe sur la photo d’une maman et son enfant.
A peu près chaque jour en passant sur Instagram.
Après tout, ce ne sont que des mots sans réel poids… Une simple expression à ne pas interroger…? Une maladresse qui tâtonne pour mettre des mots sur la puissance d’un sentiment ? Une façon de communiquer un peu surjouée, voire factice ?
Loin de moi l’idée de jeter la pierre, de moquer ou de soulever les critiques outragées. Mais tout de même l’envie d’interroger, de mettre à distance pour mieux voir, de prendre du recul pour mieux trouver notre place.
« Déjeuner en amoureux. »
Bien sûr, la maternité révèle quelque chose d’instinctif, une vague qui déferle et emporte les certitudes. Victor Hugo, dans Les Misérables, évoquait cette « expression animale et céleste propre à la maternité ». Comment ne pas être littéralement chamboulée par ce mélange d’impulsion sauvage et cette douceur angélique que l’on ressent devant ce tout petit sorti de soi ?
Un nouveau-né appelle tout à coup quelque chose de l’ordre de la fusion. D’où la confusion.
Il ne s’agit pas de vouloir rappeller fermement aux mères qu’elles sont femmes ou épouses avant tout. C’est tellement plus complexe et subtil que cela !
Mais il s’agit de refuser une forme de mascarade qui assure que ce n’est pas si important, qu’après tout on comprend bien l’idée, et puis que c’est beau cet amour, point barre.
Parce que non, les mots ne se valent pas. Et non, les amours ne se confondent pas.
Parce que devenir mère ouvre les entrailles et le coeur. Mais que le défi féminin réside peut-être dans la courageuse capacité à aimer chacun selon sa place et son identité.
Nous nous devons, et nous leur devons, de ne pas renoncer devant ce défi. Car nous leur souhaitons d’être un jour vraiment amoureux, de quelqu’un d’autre que nous.
« Journée en amoureuses »
