Quand on me demande si on doit forcer un enfant à manger, et imaginer, par conséquent des repas agités, conflictuels et dénués de tout plaisir partagé, je réponds toujours que ça n’en vaut pas la peine. Une assiette non terminée ne mérite une conflictualisation de ce moment. Mais la question de la nourriture et de la qualité de l’alimentation de nos enfants questionne les parents qui s’inquiètent que leur enfant ne mange pas assez ou pas assez équilibré. Ce qui rend inévitablement les repas tendus.
Le repas est un des lieux pour l’enfant propice pour exprimer son avis, son désir de prendre le contrôle sur le réel et donc, sa recherche de limites. Très rapidement, vers 18 mois, l’enfant exprime ses goûts, son mécontentement, son agressivité aussi (petits pots qui volent, cuillères lâchées et purée crachée), des choses qu’il aimait hier sont refusés aujourd’hui.
En prenant compte de cet enjeu de développement, je propose de se désintéresser de son assiette non vidée et de parler de la journée passée. De dire qu’il n’est pas obligé de manger, mais que s’il ne finit pas il ne pourra malheureusement pas avoir de dessert. Le risque est de regarder du coin de l’œil cette assiette qui ne désemplit pas mais notre responsabilité de parent est de prendre du recul et de garder en tête l’enjeu éducatif plus grand et l’apprentissage du partage de bonnes choses. Nous devons dénouer ces tensions autour de l’assiette pour qu’en grandissant, ces souvenirs désagréables ne surgissent pas autant de fois que l’assiette arrivera dans leur journée.
La présence des deux parents au max de repas est importante ! Il doit être un moment de partage joyeux et éducatif, que les conflits ne s’expriment pas ici et que chacun soit calme pour respecter la parole des uns et des autres. Pour cela, si un enfant s’excite et déborde, on peut rapidement l’inviter à aller se calmer quelques minutes dans sa chambre ! Parce qu’il vaut mieux commencer le repas par une toute petite punition qui calme ces petites âmes excitées plutôt que finir le repas épuisé, énervé et appréhender le suivant qui va vite arriver.
Lénaïg Steffens