À toi qui te cherches,
Mon histoire en quelques mots.
Si tu jettes un œil à mes quinze dernières années, il y a de quoi prendre peur. Des études qui ne se ressemblent pas (économie, chimie, gestion des risques, pour la cohérence, on repassera), des boulots partout en France, des voyages à l’autre bout du monde et de grosses périodes de chômage bien sympas. Une valise et des sacs cabas.
Au départ, les gens trouvent ça marrant. Puis l’âge avançant, inquiétudes exprimées et conseils se font de plus en plus fréquents. Les proches prêchent pour plus de stabilité. J’aimerais bien. Dire que j’étais angoissée est un euphémisme. Toute cette pression, cette volonté de ne pas faire de vague, de faire plaisir. J’ai essayé de tout contrôler. À m’en rendre malade. Ce besoin de maximiser mon potentiel, et la culpabilité sournoise de ne pas en faire assez. « Ne gâche pas tes diplômes. Ne refuse pas une opportunité. Fais quelque chose de ta vie ».
Le sentiment de laisser les années filer, et l’angoisse monter. « La prochaine fois, c’est la bonne ». La bonne blague.
Puis, sans que je m’en aperçoive vraiment, J’ai lâché prise. Je ne sais pas si c’est de fatigue, de lassitude, mais j’ai accepté de perdre le contrôle. D’arrêter de chasser ce que je ne veux pas vraiment. Le vide angoissant, un moment, puis le sentiment de me diriger naturellement vers un autre cap, libérée de la contrainte que je m’imposais depuis trop longtemps.
Pour moi, il est bien là, le secret. La vie, c’est ce mouvement, c’est ce chaos, et c’est maintenant. Peu importe qu’elle ne suive pas d’ordre précis et que ce ne soit pas l’ambition qui la régit. Que tu n’aies pas trouvé ta mission de vie, ou techniquement réussi. Très simplement : chasse ce qui te nourrit.
Je considère la vie comme une histoire, et ma grande mission d’avoir continuellement envie d’en tourner les pages. La mienne m’amène dans les montagnes canadiennes, un bus pour maison. Une vie sans prétention, un peu décousue, qui me va bien. La simplicité retrouvée, après quinze ans d’errance, d’angoisse et de jugement.
Fais-toi confiance, et fous-toi la paix.
Marie – @littlegusthebus