Que celle qui n’est jamais restée bloquée au rayon dentifrices lève le doigt. Priorité à la lutte contre les caries ou au blanchiment ? Ou les deux à la fois… Plus six autres avec le Total 8 – à moins d’opter pour un truc sain à base de plantes. Et nous voilà fébrile, transpirante, presque un peu paniquée dans l’allée du supermarché.
Angoisse.
Trop de choix tue le choix. L’infinité des possibles a pour effet immédiat de paralyser celui qui s’apprête à choisir. Le besoin est clair (en l’occurrence celui de pouvoir se brosser les dents) : y répondre est pourtant compliqué.
Il en va de même en amour qu’en dentifrice.
Aimer, c’est se limiter.
En choisissant, d’abord. En tendant une main ferme et décidée vers une personne et pas une autre, en cessant les comparaisons sur l’étagère, en jetant le ticket de caisse. En acceptant que tous les ingrédients ne figurent pas sur l’emballage, que ce dernier recèle des surprises. En renonçant à connaître les qualités de son voisin et à expérimenter les bienfaits de son concurrent (toute ressemblance avec le dentifrice s’avèrerait fortuite).
En acceptant, ensuite, les limites de celui qu’on a choisi. Ces « tout petits défauts » du début qui deviennent peu à peu des travers, parfois insupportables… En les accueillant comme une part du package, d’un tout que l’on aime tant que ça vaut le coup. Ce n’est pas toujours facile, c’est sûr.
La meilleure méthode pour y arriver ?
En accueillant, surtout avant tout, nos propres limites. Car c’est en les apprivoisant que nous gagnerons en tendresse pour celles de l’autre. Que nous constaterons combien elles se répondent, souvent. Un peu fort, parfois…
Alors osons regarder nos limites dans les yeux. Acceptons de ne pas être cette fille super drôle / indépendante / belle / détendue / successful / organisée / généreuse / sportive / créative (à chacune de rayer ses mentions inutiles).
Laissons-nous approcher telles que nous sommes : limitées.
Car ce sont ces limites qui créent l’espace pour la rencontre, ce sont ces manques qui laissent de la place à l’autre.
Et nous constatons alors à quel point notre imparfait dentifrice est, finalement, exactement celui qu’il nous fallait.
Il en va de même en amour qu’en dentifrice.
