Et si le féminisme n’existait pas ?

Et si le féminisme n’existait pas ?

Et si le féminisme « en soi », unique, défini et donc réducteur, était une fiction ?




Plusieurs décennies de combats ont pourtant été nécessaires pour redonner aux femmes le rang et l’autonomie qui leur revenaient. Ces mouvements ont été décisifs, et nous savourons chaque jour le fruit de leurs batailles. Mais les réflexions menées ensemble ces derniers jours nous ont amenées à nous poser cette question : et si les structures patriarcales dominantes avaient tellement imprégné nos relations à l’autre et au monde que nous étions en train de les reproduire ? « Je ne veux plus que tu me commandes : je vais donc commander. »

Et si les femmes, voulant tellement ressembler aux hommes, avaient oublié qu’il existait un autre modèle, un modèle qui leur appartient et qui serait la clé d’un équilibre perdu ? « Une femme libre ne cherche pas dans le regard de l’autre une validation de ce qu’elle est », nous dit Marianne Durano. Alors pour nous, qui croyons immensément au pouvoir des femmes, le seul féminisme possible est celui qui nous veut, chacune, libres. C’est celui qui reconnaît tout à la fois l’existence de la féminité ET la singularité de chaque femme, son histoire voire ses traumatismes. C’est celui qui se nourrit d’un masculin assumé lui aussi et respectueux de ce que nous sommes.

La question ne serait finalement pas de savoir si nous sommes libres, mais de savoir comment nous pouvons, chacune, nous libérer de nos propres liens. De nos angoisses, de nos culpabilités, de nos blessures. De tout ce qui nous aliène, de cet « autre » imaginaire dont le regard permanent nous empêche d’être nous-mêmes. Libres.

Libres d’oser. D’oser nous mettre en danger pour vivre une grande histoire d’amour. D’oser affronter le regard des autres pour quitter ce boulot qu’on déteste. D’oser porter ce vêtement qui nous fait rêver et d’oser dire ce que nous avons au fond du cœur. D’oser enfin sortir de notre zone de confort pour aller au chevet des enchaînés, des accidentés de la vie, de ceux qui se débattent avec l’existence. De ceux qui sont bien moins libres.

Et de leur apporter un peu de notre unique, merveilleuse et rayonnante liberté.


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1 commentaire

  1. Très bel article Victoire !
    Effectivement je pense que tu situes le curseur au bon endroit : en nous. C’est en développant la confiance et l’amour pour être libérées du regard des autres, joyeuse dans nos devoirs d’état, assumées dans nos choix que nous sommes heureuses et sereines. Pas toujours facile c’est sûr!

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