« J’ai beau avoir fait le tour du monde, m’être dépassée, avoir mangé des choses que jamais plus je ne mangerai, quand mes enfants sont arrivés, je n’ai jamais vécu de telles découvertes, une telle intensité de vie et … de galères », me dit cette amie, sur le pas de la porte de la crèche. Je ris en lui mettant la main sur l’épaule de la voir si éveillée sur ce sujet et si au clair sur ses nouvelles missions parentales exigeantes. Je l’imagine plonger dans le lagon, elle qui, la doudoune à peine fermée porte son bébé affamé.
Et oui, devenir parent est un vrai voyage !
Comme tout périple, on ne s’attend jamais vraiment à ce qu’on va découvrir. Comme tout voyage on sait d’où on part mais pas toujours là où on arrive. Comme chaque aventure touristique, on est très enthousiaste au début et quelques fois déçus.
Mais autant on perçoit le voyage comme une étape importante, un rite de passage, quelque chose que l’on a « déjà fait » ou « pas encore fait », une expérience valorisante pour soi-même ; autant on ne se félicite pas du parcours effectué en accompagnant nos enfants. On ne s’aperçoit pas du chemin déjà parcouru et de l’ardeur de chaque pas. L’énergie qui est ici requise demande des ressources insoupçonnées. Mais on ne s’en aperçoit pas.
La parentalité ne serait-elle pas le plus fougueux des voyages ?
Celui qui transporte le plus, celui qui fait chavirer le plus souvent, qui fait face à des imprévus plus intenses, qui se laisse porter à des rencontres uniques et des découvertes plus vraies ?
Chacun choisit évidemment son voyage, mais ce qui est sûr, c’est qu’il vient toujours révéler quelque chose de nous-même, il vient allumer une braise, éteindre une flamme. Parce que le vrai voyage est en soi.
Alors parents, soyez fiers de ce voyage qui régalera vos cœurs, vos yeux et qui, peut-être pas tout de suite, c’est pas très grave, vous permettra de comprendre quelque chose du monde.