On ne peut nier qu’une large part du bonheur des enfants provient de leur acclimatation aux autres. Élever un enfant de façon responsable et généreuse, c’est en faire un être social et lui apprendre les limites requises.
Les enfants qui « attirent » les autres sont généralement des enfants aimés et capables de rejouer la tendresse reçue à la maison vers l’extérieur (intérêt pour les autres, complicité, partage). Mais ce sont aussi des enfants qui savent momentanément « mettre en sourdine » l’expression de ce qu’ils ressentent, au profit du confort des autres (prendre le jouet du copain, crier pour se faire entendre, imposer ses règles du jeu etc.). Pour cela, il est nécessaire qu’ils aient préalablement appris à tolérer quelques frustrations sur la scène familiale. C’est à dire à différer la réalisation de leur désir… le but même de l’éducation.
Un enfant qui n’a pas appris à tolérer la frustration butera continuellement sur la tentation instinctuelle et universelle d’obtenir toujours plus de plaisir et de privilèges. Il ne se satisfera que rarement d’une vie normale et éprouvera le monde comme frustrant et injuste. In fine, cela le rendra souvent triste.
Ses rapports de force prendront la place de relations apaisées et nourrissantes. Ils génèreront du rejet (« je ne veux pas l’avoir dans ma classe / l’inviter à mon anniversaire / le garder pendant les vacances ») et lui renverront une image entachée de lui-même. Son excitabilité pourra également interférer avec ses capacités de mobilisation attentionnelle et avoir des conséquences sur sa scolarité.
Toutes ces choses peuvent être régulées par un apprentissage des limites.
Obtenir à la fois de l’amour et des limites éducatives (non violentes et outillantes pour apprendre les codes de bienséance) permet aux enfants de se dégager des rapports de force et de se sentir en sécurité dans le monde tel qu’il est. Ils sont fiers d’eux-mêmes (« je parviens à être sage / me concentrer / les autres m’apprécient ») et découvre un sentiment puissant de liberté !
(« La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » -art 4 de la DDHC de 1789).
🖊 @caroline_goldman_psy
De l’amour et de limites.
