De couple, d’éducation et d’incompréhensions.

Carmen est espagnole. Avec son mari, franco-espagnol, ils ont trois garçons de 6, 3 et 1 an. Elle nous confie comment l’expérience de la parentalité et la question de l’éducation sont venues bousculer leur couple…

« Depuis notre rencontre pendant nos études de sciences politiques, nous avions l’habitude de beaucoup discuter et confronter nos idées. Nos familles appartenaient au même milieu social mais nous avons grandi dans des pays différents. Rétrospectivement, je réalise que nous n’avions jamais vraiment parlé de parentalité et d’éducation de manière concrète. Mais peut-on vraiment se préparer à être parents ?

Ce que je ne soupçonnais pas, c’est que la venue de nos enfants, source d’un si grand bonheur, deviendrait aussi source de tant de tension… Nos différences – et nos différends – se sont installés progressivement, au fur et à mesure que notre aîné grandissait. Nous avons eu de plus en plus de mal à comprendre l’autre dans ses réactions et sa manière d’appréhender le fait d’être parent.

Si je devais résumer notre difficulté à nous comprendre et à nous ajuster, je dirais qu’à mes yeux, les parents doivent s’adapter aux enfants alors que pour mon mari ce sont les enfants qui doivent s’adapter aux parents.

Et cela se traduit dans mille situations du quotidien, dans le rapport au sommeil, aux repas, à l’autonomie, aux sorties, aux normes et aux sanctions… Comment trouver l’équilibre entre la règle et l’écoute de l’enfant ?

Notre plus grand effort réside dans le fait de ne pas réagir devant les enfants face au comportement de l’autre que nous ne comprenons pas et ne validons pas, mais d’en parler ensuite, à deux. Cela paraît peut-être facile et évident, mais ça ne l’est pas ! Quand je vois mon mari s’énerver très fortement devant une consigne non appliquée, dois-je vraiment le soutenir dans son autorité parce que par principe il faut faire front commun ? Cela m’est parfois trop difficile. Si j’estime que sa réaction a été excessive ou injuste, j’aurais l’impression de me trahir et de trahir mon enfant si je ne marquais pas mon désaccord ! Et en même temps j’ai conscience que ce n’est pas une solution pérenne et paisible pour tous !

J’aime voir cette différence comme un défi, penser que nos visions s’équilibrent et se complètent, et que nos discussions mènent à une plus grande connaissance de nous-mêmes. Mais pour être honnête, elle m’apparaît parfois comme un risque. C’est tellement usant ! Et source de tant de souffrance !

Car ces petits désaccords, ces petites tensions, ces petits conflits… Non seulement cela prend trop de place au quotidien, mais cela bouscule nos caractères, nos souvenirs d’enfance, la gestion de nos émotions… En fait, la parentalité (et peut-être particulièrement la maternité) révèle ce qui était déjà en nous mais inconnu jusqu’alors et impossible à prévoir ! »

Articles recommandés