Brûler une vie entière de ce feu-là.

Je ne sais pas vous, mais quand je suis amoureuse je suis capable de me surpasser. De m’oublier, de faire une croix sur mon confort, de dépasser mes limites.

Je ne sais pas vous, mais quand je suis amoureuse le passé et l’avenir disparaissent. Ne reste que l’instant présent, suspendu et tout entier dilaté. Le visage de l’autre, le son de sa voix, la chaleur de sa peau me suffiraient pour une vie entière.

Je ne sais pas vous, mais quand je suis amoureuse le monde est si beau ! Le rayon mordoré du soir, le sourire d’une amie, le rire d’un enfant, la bienveillance de la boulangère et l’harmonie d’un air : il me semble soudain que mon quotidien étincelle de toute sa lumière.

Je ne sais pas vous, mais quand je suis amoureuse ma simple vie me semble remplie, pleine. Comme un tout, quelque chose de complet, d’entier malgré toute son imperfection. Car je la sais tendue et dirigée vers quelque chose au-delà moi-même, vers quelque chose de plus grand que moi-même. Vers l’autre.

Qu’attendons-nous pour être amoureuses ? Partout, tout le temps ? La bonne personne, me direz-vous. La rencontre, le sentiment. Certes.

Mais qu’attendons-nous pour nous dépasser ? Pour savourer l’instant ? Pour nous émerveiller ? Pour devenir davantage celle que nous sommes ?

On tombe amoureux de quelqu’un comme on tombe d’une chaise. Mais peut-être peut-on aussi saisir, provoquer, choisir parfois ce sentiment, pour nous-mêmes et pour ceux qui nous entourent.

Aller au-devant de cet émerveillement qui nous attend parfois dans une amitié, une oeuvre d’art, un paysage, une aventure. Que l’on embrasse au détour d’un projet, d’une prise de conscience, d’un chemin, d’une renaissance.

Artificiel ? Forcé ? Impossible ? Peut-être. Cela dépend aussi de nous.

Je connais des personnes amoureuses, toute leur vie, intensément. D’un autre, mais pas seulement. Ces personnes, vous en connaissez sûrement, que l’on dit solaires, rayonnantes, lumineuses. Comme si à leur contact on se réchauffait à une flamme.

Et je ne sais pas vous, mais j’aimerais brûler toujours de ce feu-là.

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