Et vous, qu’est ce qui vous coupe le souffle ?
Partout, on entend qu’il faut respirer, se reconnecter à soi, s’exercer à la pleine conscience, profiter de l’instant présent. En bref, il faut être là et aimer y être. Comme si tout idée de fuite ou d’ailleurs était proscrite. On prendrait des trains, des voitures ou des avions pour finalement continuer à parler de soi et de ses sensations.
Et si, notre thème du mois était, en fait, tout le contraire ? Et si, le voyage n’était rien d’autre que de l’ailleurs et du rêve, peu importe la façon ? Et si, justement, les moments les plus intenses de nos vies étaient ceux que nous vivons hors de nous-mêmes et dans l’oubli total de notre réalité ? Ces moments qui nous touchent en plein cœur et se vivent vacillants, à bout de souffle.
Ces moments qui, bien qu’ancrés dans l’instant, nous transportent loin. Notre être entier dissout dans ce morceau de musique, un passage dans un roman ou dans la splendeur d’un paysage. La beauté nous submerge, nous ne sommes plus nous, nous oublions même le fait que nous sommes. Tout est suspendu. Si on le pouvait, on s’étonnerait même de voir encore la Terre tourner.
Depuis quand n’avons-nous pas ressenti cela ?
« Au quotidien, est-ce qu’on ressent vraiment ? » s’interroge Sophie Gauthier dans notre podcast du mois. Pas de ces sensations qui tournent en rond, mais de celles qui nous relient à l’au-delà de nous. Au plus grand, au plus beau, voire au divin, nous sommes-nous demandé avec elle. Gardons-nous suffisamment de temps pour nourrir ce voyage intérieur ? Tel un sourcier, partons-nous réellement en quête de ce qui fait vibrer et abreuve notre âme ?
Voyager, s’échapper, s’enfuir. Chacun effectue cette plongée hors-soi à sa manière. Nous ne sommes pas tous touchés de la même façon. Et cette idée que l’un voyage pendant que l’autre reste me plaît. Loin de l’avion qui nous emmènerait tous au même endroit à la même heure.
Finalement, le voyage n’est peut-être rien d’autre que la suspension du temps, et ce moment d’ébranlement loin de nous-mêmes. Enfin débarrassés du superflu, contemplant l’essentiel.
À bout de souffle.